par Clara Gaymard & Gonzague de Blignières, co-fondateurs de RAISE
A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Gonzague de Blignières et moi avons signé une tribune parue hier dans le JDD, qui reprend ces propos de la vice-présidente de la Commission Européenne, Viviane Reding : « Nous n’aimons pas les quotas, mais nous aimons les effets qu’ils produisent ».Année après année, le 8 mars de nouvelles propositions engagent à faire progresser la place des femmes dans les entreprises. Selon nous, l’une des réponses clés est la parité. Elle est gage d’une saine gouvernance et nous avons tout à gagner à l’encourager.7 ans après la création de RAISE, où la parité est totale à chacun des échelons, nous n’avons jamais transigé sur cette valeur fondatrice, ni sur le fonctionnement en binôme de nos équipes, dirigées par un duo de management femme-homme. La parité devient ainsi naturellement une source de diversité et d’harmonie donc de performance pour l’entreprise.En outre, au sein de l’écosystème RAISE, 28% des entreprises que nous soutenons sont fondées ou cofondées par des femmes. Si l’on peut se réjouir de ce chiffre bien supérieur à la moyenne, les résultats encourageants ne doivent pas mettre fin aux efforts pour établir durablement l’égalité femmes-hommes, notamment dans les cercles de décision. C’est pour cela que nous sommes parties prenantes des actions menées par France Invest et par SISTA.Aujourd’hui encore, la gouvernance des entreprises est marquée par la sous-représentation des femmes. On ne compte que 17% de femmes dans les comex des grandes entreprises françaises, et une seule entreprise du CAC40 est dirigée par une femme. Pourtant, après avoir présidé 4 ans le Women’s Forum Club, je peux affirmer sans crainte que ces chiffres ne s’auraient s’expliquer par un manque de compétence ou d’ambition de la part des femmes.Gonzague de Blignières et moi partageons la conviction qu’il est essentiel de mettre entre les mains des femmes le pouvoir de décider, d’où l’importance de les nommer à des postes de direction.En janvier dernier, Bruno Le Maire soulignait la nécessité d’étendre l’instauration de quotas de femmes au champ des instances dirigeantes (soit aux personnes qui occupent les 10% de postes à plus forte responsabilité). Cette proposition fait écho à la réussite de la loi Coppé-Zimmermann, qui fête ses 10 ans, grâce à laquelle les femmes ont pu accéder aux conseils d’administration. Bien sûr, à l’époque, cette proposition s’était heurtée à des réticences, mais elle a permis la professionnalisation du recrutement, la création de formations adaptées, l’internalisation et le rajeunissement des conseils. Aujourd’hui, la majorité s’accorde à dire que cette loi a été un succès, la France est désormais montrée en exemple sur la scène internationale.Il est vrai que, comme toutes les questions de discrimination positive, celle des quotas entraine avec elle la charge, pour celles et ceux qui en bénéficient, d’apporter – par leurs qualités professionnelles – la preuve de leur légitimé. En ce qu’ils pourraient faire croire que les femmes ne seraient pas choisies pour leurs qualités propres, les quotas mettent sur leurs épaules une responsabilité supplémentaire : celle d’assumer leur situation. Il faut d’ailleurs saluer la prise de position symbolique d’Ursula von der Leyen, qui a déclaré fin 2020 en couverture du magazine Stern : « Ich bin eine Quotenfrau » (« Je suis une femme quota »), bientôt suivie par la Ministre Agnès Pannier-Runacher, qui a également fait taire toute ambigüité en affirmant qu’elle devait à l’obligation de parité sa nomination au sein du gouvernement.Il ne s’agit pas de justice ou de morale, l’égalité femme-homme est une grande richesse pour une entreprise. Qui plus est, l’inclusivité et la diversité sont vecteurs de performance. Une étude réalisée par le Bureau international du travail en 2019 prouve d’ailleurs que les entreprises qui promeuvent la mixité au moyen de politiques internes ont 31% de chances supplémentaires que les autres de voir leurs résultats commerciaux en hausse.Ainsi, les quotas sont une solution, là où le mentorat par exemple, peut en constituer une autre. Nous pensons qu’il faut voir cela comme une initiation à l’innovation et à l’ouverture, au bénéfice du plus grand nombre. Surtout, cela devrait pousser les recruteurs à repenser leur manière d’attirer et d’intégrer les plus jeunes, pour répondre aux aspirations sociétales et existentielles des générations montantes, qui n’entendent pas sacrifier le sens au profit.Porter l’ambition de la bienveillance, de la parité et plus encore de la diversité, garante de l’ouverture sur le monde, est un combat qui fait notre fierté chez RAISE. Gonzague de Blignières et moi croyons que l’émancipation professionnelle des femmes est un puissant levier de la croissance économique. Souhaitons que beaucoup d’autres dirigeants en soient convaincus pour faire que la différence ne soit plus un obstacle à l’égalité professionnelle.
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